Au bord de la mer
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- Au bord de la mer
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- l’Eglise
- une Idée sombre
- Fuite
- Vision
- Aux Catholiques
Et j’isolai mon cœur de la foule agitée
Qui n’a connu jamais ni trêve ni repos ;
Et je m’en allai seul jusqu’à l’anse écartée
Où la mer monte et gronde avec ses mille flots.
La mer... elle étendait, profonde et transparente,
Sa ceinture de rocs où la mouette a son nid ;
Et l’éternel concert de son onde vibrante
Versait dans ma pensée un parfum d’infini.
Et j’écoutais, rêveur, sa voix précipitée,
Du haut d’un roc noirci par les flots et les ans ;
Et la lune, de vague en vague ballottée,
S’allumait comme un phare au milieu des brisants.
Oh ! j’aspirais cette heure où l’espace étincelle,
Où quelque ange nous prête un char aérien ;
Perdu dans cette extase immense, universelle,
Mon œil contemplait tout — Je n’apercevais rien.
Je n’apercevais rien que des astres de flamme
Qui s’élevaient en chœur au ciel oriental ;
Et mollement bercé sur l’aile de mon âme,
Je me sentais ravir par un souffle idéal.
Je montais par delà l’atmosphère grondante,
Par delà l’étendue infinie en hauteur :
Je montais, il semblait que chaque étoile ardente
M’appelait en passant et se disait ma sœur.
Puis mon âme tomba, refoulée, abattue,
Tant l’extase des cieux pèse à des cœurs humains ;
Et comme pour tarir une sève qui tue
Je pressai fortement ma poitrine à deux mains.
Mais l’aigle enfin rouvrit sa paupière lassée ;
L’extase de mon cœur recommença bientôt,
Et je ne trouvai plus qu’une seule pensée.
Qu’un seul cri dans mon ame : Elle ici, Dieu là haut !