Francesca d’Arimino
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- Credo
- Crépuscule
- Paul
- l’Océan
- Anna
- Destruction des croix
- Rosa mystica
- Hymne du siècle
- Souffrances d’hiver
- Rayons de printemps
- le Sommeil de la jeune fille
- Oh ! viens me consoler
- Sainte-Hélène
- Épanchement
- Fannie
- Ballade
- Heure d’amour
- Ode
- À M. de Lamartine
- Vous n’aviez pas aimé
- Peine de mort
- Malheur !
- Que faut-il aux âmes ?
- Abandon
- Caliban
- Reproches
- la Mort de ...
- Aurore
- Dernier appel
- Regret d'autrefois
- Chasse gothique
- la Poésie
- le Catholicisme
- Plainte
- le Choléra
- l’Âme des Poètes
- un Ami
- l’Oiseau inconnu
- Résolution
- Mélancolie
- la Beauté
- Entraînement
- Fièvre
- une Espérance
- Scène de naufrage
- Pendant la nuit
- Prière
- Non, je n’oublierai pas
- Au bord de la mer
- Francesca d’Arimino
- l’Eglise
- une Idée sombre
- Fuite
- Vision
- Aux Catholiques
À M. Luigi Bordèze
Parmi ces grands vieillards, poétique phalange,
Créateurs glorieux qui restent quand tout change,
Volcans qui débordaient en laves de concerts,
Il en est dont la tête est géante et s’élève
De toute la hauteur d’une tour sur la grève,
De toute la hauteur d’un mont sur les déserts.
Tels le vieux Portugais qui briguait, loin du trône,
Le pain du mendiant sous les murs de Lisbonne ;
L’homérique Milton, Dante au vol souverain ;
Hommes prédestinés que rien n’a couverts d’ombre,
Et dont chaque tableau majestueux ou sombre
Brille éternellement ciselé dans l’airain.
Mais je prétère encore aux récits fiers et graves
Ces gracieux tableaux pleins de douleurs suaves ;
Et, comme aux frais jardins on cherche tour à tour
La fleur la plus cachée et la plus odorante,
J’aime à chercher aussi quelque page enivrante
Marquée au double sceau de tristesse et d’amour.
Et je m’arrête alors — parmi ces cœurs de femmes
Qu’un douloureux amour a rongés de ses flammes ;
Parmi ces cœurs aimants à qui l’espoir manqua,
Il en est que notre âme, où le deuil a son charme,
Colore d’un jour tendre, embaume d’une larme :
Ainsi je rêve et pleure au nom de Francesca,
De Francesca que Dante a peinte, humble colombe,
Dont l’amour prit racine à côté de la tombe,
Que le sort étouffa dans ses anneaux de fer ;
De cette Francesca si promptement ravie,
Qui, fière d’un aveu, le paya de la vie,
Heureuse d’un baiser, l’expia par l’enfer.