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ÉCRIT SOUS UN CHÊNE D’ARMORIQUE
A ma mère
L’arbre puissant, le chêne énorme
Etale au loin ses rameaux verts,
Et son immensité difforme,
Qui cache tout un univers.
Dans ses abîmes de verdure
Tout est mouvement, tout murmure ;
Depuis son front plein de clarté
Jusqu’à sa base pleine d’ombre,
Dieu verse à des êtres sans nombre
La vie et la fécondité.
Des insectes dorés habitent
Son écorce aux rudes contours ;
Ses moindres cavités abritent
Des nids pleins de chants et d’amours.
A ses branches mystérieuses,
Des abeilles laborieuses
Suspendent leurs ruches à miel.
Des écureuils bruns s’y balancent,
Des corneilles noires s’élancent
De leurs sommités vers le ciel.
Au pied de l’arbre solitaire,
Parmi la mousse et le gazon,
Une plante sort de la terre
Comme un captif de sa prison.
Elle est faible et petite encore
Et quand l’arbre aux feux de l’aurore
Réchauffe sa cime qui luit,
La frêle plante a froid dans l’herbe,
Où le pied du géant superbe
S’enfonce, enveloppé de nuit.
Dans les creux profonds de l’écorce,
Elle tâche de se nourrir,
Et trouve tout juste la force
Qu’il lui faut pour ne pas mourir.
Bientôt elle puise la sève,
Elle grandit, elle s’élève
En bouquets serrés et nombreux :
La petite plante inconnue,
Avec le temps est devenue
Un lierre immense et vigoureux.
Entourant le tronc tutélaire,
Il monte à la même hauteur
Que le grand arbre séculaire,
Qui lui servit de protecteur.
Sa tige amoureuse l’embrasse,
Telle se penchant avec grâce,
Sur un vieillard majestueux,
Une vierge, dans sa tendresse,
L’entoure de soins et le presse
Entre ses bras affectueux.
Reste unie au chêne robuste
Où tes rameaux se sont nourris,
Pauvre plante ! Le monde injuste
En vain te jette son mépris.
S’il ne t*aime pas, moi, je t’aime :
Non ! pour moi, tu n’es pas l’emblème
Du parasite sans fierté,
Mais de l’ami vrai qui demeure
Seul et fidèle, même à l’heure
De l’inflexible adversité.
Car si l’ouragan déracine,
Le chêne sombre et colossal,
Si l’arbre, en gémissant, s’incline
Sous le tranchant du fer brutal.
Bruns écureuils, noires corneilles,
Insectes d’or, vives abeilles,
En un instant tout s’est enfui ;
Toi seul, ô lierre, tu lui restes.
Et partageant ses coups funestes.
Tu tombes et meurs avec lui !